On veut le changement ? Oui ! Du travail pour tous ? Qui s'y opposerait ? Une politique favorisant l’entrepreneuriat et l’innovation ? Bien sûr, les Français* ont tant de créativité ! Le retour de la croissance ? Une condition pour créer des emplois… Des conditions de travail plus épanouissantes ? Oh oui, les Français s’essoufflent tant au travail. Une plus grande souplesse du droit du travail ? Sine qua non pour favoriser l’embauche et la circulation des talents.
Une question me brûle les lèvres : que puis-je faire personnellement pour que les choses changent ?
Soyons-en certains : ces changements ne seront possibles que si nous les cultivons en nous-mêmes. La sagesse nous invite à « être le changement que nous voulons voir dans le monde ». Rapide passage en revue des croyances à faire sauter pour faire le grand saut vers le monde de demain.
JE TRAVAILLE PARCE QUE J'Y SUIS OBLIGE
Le travail est souvent perçu comme une malédiction. « Il faut bien travailler » pestaient mes parents, la mine déconfite en rentrant du travail, tout imprégnés de notre héritage judéo-chrétien imposant de gagner sa vie à la sueur de son front.
Proposition d’inversion : j'apprends à mettre du cœur à l'ouvrage.
Et si la malédiction n’était pas de travailler mais plutôt d’exercer une activité sans y mettre du cœur ? Avoir une fonction non choisie et dans laquelle nous ne tirons pas de joie est un fardeau lourd à porter au quotidien. Alors qu’exercer un métier choisi est une occasion unique de se réaliser personnellement. Confucius conseillait il y a plus de deux millénaires de choisir un travail que nous aimions pour ne pas avoir à travailler un seul jour de notre vie.
Sagesse : si tout le monde n’a pas le luxe de changer de travail du jour au lendemain pour aller là où son cœur lui souffle d’aller, tout le monde peut essayer de cultiver la joie dans son travail. Même lorsque son activité n’est pas réjouissante. Comment ? En apprenant à être présent à ce que l’on fait. Je me souviens du témoignage d’un ami à son retour de Japon qui s’étonnait de l’application mise par les femmes de ménage nippones à laver les vitres des hauts buildings de Tokyo. Il me décrivait l’exécution parfaite de chaque geste. C’est ici une illustration de notre liberté intérieure. Aucun travail ne peut nous enlever cet espace de liberté intrinsèque. Aucun. Chacun a la capacité d’accepter ce qu’il fait pour y apposer son empreinte singulière, ne serait-ce qu’un sourire ou une intention.
Astuce : pour s’exercer à être présent à soi au travail, rien de tel que 10 minutes de méditation active par jour.
JE TRAVAILLE POUR GAGNER DE L'ARGENT
L’argent est souvent la raison première invoquée pour travailler ou chercher un travail. « Réfléchissez et devenez riche », le livre de Napoleon Hill, chercheur ayant interviewé 500 des plus grosses fortunes américaines du XXe siècle, est l’un des best-seller mondial en matière de développement personnel. Qui n'a jamais rêvé de ne plus avoir à travailler pour aller vivre sur une île ensoleillée ?
Proposition d’inversion : je dois avoir de l’argent pour (bien) travailler.
Et si le problème n’était pas tant le travail que l’assujettissement du travail au fait de pouvoir vivre dignement ? Imaginons une société où travail et source de revenu seraient séparés. Que se passerait-il ? Très probablement, les personnes se lasseraient vite de ne rien faire et choisiraient d'œuvrer là où elles ont du talent, à savoir là où elles réussissent naturellement, facilement et avec joie. Nous verrions alors émerger des vocations de chercheurs et d'inventeurs, d’artistes et d’éducateurs, de protecteurs de la nature et de tisseurs de lien… Chacun pourrait répondre à sa véritable vocation « qui n'est pas de produire et de consommer jusqu'à la fin de sa vie, mais d'aimer, d'admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes » comme le prodigue Pierre Rabhi, agriculteur, poète et fondateur du mouvement des Colibris. Le travail désintéressé** est la promesse d'une société du travail plus heureuse.
Sagesse : en attendant la mise en place d’un revenu de vie pour tous, continuons à cultiver cette culture du bénévolat déjà très répandue*** en France. Offrons autant que possible nos compétences et notre temps à des activités non rémunérées. Acceptons de travailler pour le plaisir de servir, d’apprendre et de collaborer. Développons-nous sur des engagements associatifs, politiques, artistiques, sportifs. Offrons nos compétences à des causes non capitalistes pour favoriser la transition d’une économie marchande à une économie de la connaissance.
Vidéo : L'économie de la connaissance selon Idriss Aberkane. https://youtu.be/gpsAq3fXQtE
JE VEUX REUSSIR DANS LA VIE
Réussir dans la vie signifie souvent avoir des responsabilités importantes, des privilèges visibles, un statut élevé. Beaucoup admirent les personnes en haut des pyramides sociales, les stars qui font la une des magazines ou encore, ceux tout près, leurs voisins, qui "ont réussi".
Proposition d’inversion : je réussis ma vie lorsque je vis pleinement
"Le bonheur ne brille pas, il rayonne" affirme Ryadh Sallem, charismatique champion paralympique, revenu tout juste des jeux de Rio. Les exemples à suivre sont ceux qui portent la lumière, non ceux qui la réfléchissent. Le rayonnement est la marque de la personne qui vit pleinement. Que signifie vivre pleinement ? Etre plein de vie, tout simplement ! Sentir la vie vibrer en nous. En savourer chaque instant. Et en prendre soin, pour aujourd'hui et pour demain. Pour nous et pour les autres.
Sagesse : nous avons tendance à foncer tête baissée dans nos activités sans nous questionner sur ce qui ferait vraiment sens pour nous et les autres. Il est bon de s'arrêter un moment pour ouvrir une parenthèse d’introspection. Et si vous deviez sonder votre vie au crépuscule de votre existence, à quels critères évalueriez-vous avoir réussi ? En quoi auriez-vous eu un impact positif sur votre environnement ?
Question : quel petit pas pourriez-vous faire dès demain pour aller dans la direction d'une vie réussie - sans attendre le jour de votre retraite ou vos futures vacances ?
CONCLUSION : LE CHANGEMENT DU TRAVAIL COMMENCE PAR NOTRE CHANGEMENT AU TRAVAIL
Alors, prêts à travailler pour apporter votre réelle contribution, sans seulement chercher une rétribution ?
Pour prolonger ces réflexions, rejoignez le mouvement Eklore !
Et un bel article écrit par Annabelle Baudin que je remercie : https://annabellebaudin.net/2016/09/18/eklore-le-mouvement-qui-balaie-les-idees-recues-en-matiere-demploi/
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* C’est évidemment le stéréotype du Français qui est décrit dans cet article. Stéréo-type signifie le « type qui revient le plus fréquemment ». Ce n’est donc ni à prendre comme une caricature, ni comme un préjugé, mais seulement comme la retranscription d’une caractéristique largement répandue en France.
** Plus de 40 % des Français sont engagés bénévolement, dans une vie associative ou autre, selon France Bénévolat (étude de 2013). http://www.francebenevolat.org/sites/default/files/uploads/documents/3e656ec9e424ae9e724ba0187045eb04c5da478b.pdf
*** Travail désintéressé ne signifie pas nécessairement travail non récompensé ; l'expression veut simplement dire que le travailleur n'a pour seul intérêt que la joie de bien faire. Ceci n'exclut en rien que le travailleur perçoive un retour, financier, en nature ou en reconnaissance.
Cet article a été écrit et publié le 20 septembre 2016 sur le profil Linkedin de Solenn Thomas. Il est toujours d'actualité...